Plein écran Ecran réduit Sommaire
LES VACANCES
CHEZ GRAND-MÈRE
-

Quand j’étais une petite fille, j’aimais les vacances chez ma grand-mère qui habitait un charmant petit village près de La Châtre (Indre). Je vivais avec mes parents à Châteauroux depuis l’âge de deux ans. J’allais à l’école à Saint-Martial.
Dès le mois d’août nous prenions le train pour La Châtre où mon grand-père nous attendait à la gare avec sa voiture et son cheval nommé Petit Loup. La côte était dure. J’étais heureuse de revoir toute cette verdure ; le vieux château féodal et son église, à côté le cimetière, ensuite une place avec des marronniers, puis la Mairie et l’école, situées auprès de la maison de ma grand-mère. Elle tenait une petite épicerie, bureau de tabac, cabine téléphonique. Mon grand-père cultivait les terres, vignes, il avait deux vaches, un cheval, des porcs, des poules, des lapins. Quel travail cela représentait, quand j’y repense maintenant ! Heureusement, une sœur cadette de ma mère habitait avec mes grands-parents et les aidait. Je retrouvais des cousins et cousines. Nous étions heureux de courir et jouer dans le grand champ derrière la maison.
Le soir nous allions conduire les vaches dans un autre champ, avec Médor notre compagnon de jeux, un chien jaune très gentil, qui ne nous quittait plus tout le temps des vacances. Nous avons pleuré ce chien quand il est mort ! Notre tante, qui conduisait voiture et cheval, comme un homme, nous emmenait à quelques kilomètres, au moulin à eau. Elle portait des sacs de grains à moudre, c’était très amusant d’entendre ces grains de blé se transformer en farine, de regarder le meunier travailler. Il y avait aussi les samedis de marché à La Châtre, toujours en voiture à cheval. Les forains animaient cette vieille place pavée où ma tante vendait des oeufs et des poulets.
J’ai aussi le souvenir des lessives où notre tante allait rincer le linge à la rivière, à genoux sur un bachot. Le battoir tapait fort sur les draps ! Les bords de la rivière étaient bien agréables pour nous les enfants. Nous essayions de prendre des petits poissons, sans beaucoup de succès. Nous étions bien sous les arbres à l’abri du soleil, l’air était pur dans ce petit village.
Et puis, il y avait la journée de batteuse, avec la bonne humeur de tous ces hommes, qui s’aidaient les uns et les autres et peinaient fort. C’était très dur ! La chaleur, et les sacs étaient lourds, il fallait les monter dans les greniers, avec une échelle. Comme récompense, de très bons repas étaient servis ! À son tour, ma grand-mère faisait chauffer le four dans la pièce appelée pompeusement la boulangerie, il en sortait de très belles tartes aux prunes cueillies sur les pruniers derrière la maison. Le four servait aussi pour le pain bénit, qui était distribué à la messe le dimanche. Comme la vie a changé ! Les souvenirs d’enfance sont bien loin !


Solange LAPOUGE (75 ans)



Plein écran Ecran réduit Sommaire