DES HISTOIRES DE LOUPS
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A l'époque,
on faisait peur aux enfants qui n’étaient pas sages avec les
histoires de loups ; on les menaçait de les emmener et de les
laisser sur les routes où il y avait les loups.
Fernand COGNE (95 ans)
C’est ma mère qui a vécu ça,
elle avait à l’époque environ six ans, elle demeurait
en face de la forêt, une forêt de plusieurs centaines d’hectares.
Un jour, un bûcheron a vu une louve aller toujours dans le même
endroit, il l’a surveillée et a découvert deux petits
loups et les a emportés chez lui. Mais il dit que jusqu’à
temps qu’il n’était pas arrivé chez lui, il n’était
pas rassuré. Il les a gardés un certain temps, il les a élevés,
apprivoisés comme des petits chiens, puis les a vendus. C’est
une histoire qui date de 1875, dans la région de la Creuse.
Mon père, en 1875-1876, était au champ
avec des brebis et puis un loup a attrapé une brebis et il l’a
emportée. Mon père a essayé de crier “au loup” mais il était
paralysé par la peur. Alors, le loup a emporté la brebis,
seulement où il était en train de passer il y avait un trou
et, comme il avait mis de travers la brebis, il n’a pas pu la passer
et l’a laissée sur le tas. Le chien a couru après et le
loup est parti. La brebis avait du mal, il l’avait à moitié
étranglée.
Mon père avait cinq ou six ans à l’époque.
Jacques DESPIERRES (82 ans)
Toujours sur les loups, j’ai visité le
cimetière des Russes où l’on relate également
les loups qui venaient autrefois dans la banlieue de Paris (début du
siècle). Cela fait trente ans que j’y suis allé.
Marguerite THEILLAUMAS (85 ans)
Mon père en a fait des voyages avec les loups
pour aller dans les foires de la Creuse. Il voyageait avec son cheval et sa
voiture et un loup le suivait sur le côté de sa voiture.
La première fois que mon père l’a vu, il voulut crier “au loup, au loup !” ; mais
les sons ne lui sortaient pas de sa gorge tellement il avait peur qu’il
se jette sur lui et lui fasse du mal. Le cheval le sentait, il avait peur
aussi, il reniflait, il se cabrait. Le loup l’a suivi jusqu’à
son arrivée en ville et puis s’est enfin sauvé. Cela
arrivait souvent dans la région d’Orsennes, car il y avait
beaucoup de loups à l’époque.
Lucienne LENFANT (88 ans)
Cette histoire se situe dans les années
1910-1911. J’avais sept ou huit ans, mon père avait loué
une ferme au bord d’une forêt dans le Limousin, mais il ne
savait pas qu’il y avait des loups. Mes parents nous laissaient jouer
dehors. Il y avait de plus en plus de loups, mes parents nous disaient “Rentrez vite... rentrez vite !!!”.
Mais nous n’avions pas envie de rentrer. Devant l’insistance
de nos parents, nous rentrions donc à la maison et aussitôt,
on entendait les loups qui venaient près de la porte, qui
grattaient et reniflaient. La cour était remplie de loups. Avec des
voisins, mon père décida de les chasser avec toutes sortes d’outils
(fourches, fusils, bâtons...). Mais un problème se posait
quand les enfants allaient à l’école. Chaque fermier
accompagnait ses enfants (10 km dans les bois) matin et soir.
De temps en temps, on entendait les loups au
loin. Nous pressions le pas et quand ils s’approchaient, les parents
nous disaient “Dépêchons-nous
!” Et il fallait courir. Un jour nous
avons entendu un cri pas habituel de loup. Armé d’une fourche,
mon père alla voir et découvrit un loup blessé qui était
en train de mourir; avec sa fourche il l’acheva.
Nous jouions dans la cour, ma mère ramassait
de l’herbe à lapin lorsque tout à coup, on entendit des
cris de loups. Ma mère aperçut une horde de loups de l’autre
côté de la rivière. Elle nous fit rentrer à la
maison et les loups ne tardèrent pas à envahir la cour. Par
la suite, nous avons dû déménager car cela devenait
impossible à vivre. J’ai vu des bébés loups, ils
sont mignons, ils ressemblent à des chiens, mais lorsqu’ils
grandissent, ils montrent vite leurs crocs.