UN SACRÉ BAROUDEUR
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Ê Être jeune, aventurier, avoir en plus le pied
marin, vous conduisent tout droit à parcourir le monde entier. Je suis rentré dans la Marine Nationale à
dix-huit ans et demi pour une période de trois ans. Originaire de la
Vienne, j’arrive donc à Toulon en juin 1936. J’ai pris
des cours pour devenir canonnier. Je suis sorti dans les dix premiers de l’école,
j’ai ainsi eu droit à l’embarquement au choix. Mon
affectation s’est faite sur le torpilleur “Le Malin”. C’était
un bâtiment neuf. J’ai ainsi pu découvrir divers
horizons comme le Maroc, l’Espagne, l’Angleterre, Dakar, le
Cameroun, la Guinée, Madagascar, Buenos-Aires, Boston, l’Italie,
l’Egypte, la Norvège, Hambourg, la Martinique (Fort-de-France)
et Tahiti. Nous faisions des escales qui pouvaient être d’une
semaine à un mois, tout dépendait de la mission à
effectuer qui était toujours “Top Secret”.
Un souvenir, qui m’a beaucoup marqué, a été
la tournée des plages de France. J’ai pu ainsi observer toute
la côte française : Quiberon, La Baule, Les Sables d’Olonnes,
La Rochelle, Royan, Banyuls, Marseille, Saint Raphaël, Juan les Pins,
Monaco, Menton...
En Espagne, j’ai vu Bilbao, San Tandème,
Gibraltar, Valence, Barcelone, El Pedro...
Malgré un court passage à Tahiti en 1938
(une semaine), c’est l’endroit qui m’a le plus marqué...
surtout l’accueil des Tahitiens ! En arrivant chez eux, on se
retrouve avec un collier de fleurs... C’est la coutume de ce pays
merveilleux et envoûtant. Pour le départ, c’est un
collier de coquillages que l’on nous remet. C’est inimaginable
tellement ce pays est naturellement beau.
L’ironie du sort veut que mon petit
correspondant Emmanuel me rappelle des souvenirs de Tahiti. Depuis juillet 1995,
Emmanuel séjourne à Tahiti où son papa, adjudant dans
l’armée, est muté. J’ai la chance de recevoir des
cartes postales splendides et surtout de ses nouvelles... Ceci me donne
envie d’y retourner ! Emmanuel correspond avec moi depuis le CM2, et
il est en quatrième maintenant.
Après avoir longuement hésité
pour prolonger mon temps de service dans la Marine, je débarque à
Toulon en 1940. La chance était dans mon camp car le bâtiment,
le “Dumont Durville” sur lequel j’aurai dû être affecté
a été torpillé par les Japonais... Il n’y a pas
eu de survivants.
Roger CHAMPIGNY (79 ans)