VOYAGE AU PAYS NATAL, L’ANDALOUSIE
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Quelle joie fut pour moi ce fameux samedi après-midi
de septembre où je recevais mes deux petits-enfants. Ils venaient me
proposer un voyage vers mon pays natal que j’ai quitté en
1922, âgée d’à peine quatre ans. Je croyais rêver
tant j’étais heureuse ! Nous avons parlé tant et tant
de ce voyage... On décida de partir le samedi 2 octobre 1995.
Nous quittions Salbris (Loiret) vers 9 heures et
roulions jusqu’au soir. Premier arrêt à Nîmes chez
des cousins qui nous donnaient les clefs de leur appartement, de Velez
Rubio. Le deuxième jour, nous eûmes la joie d’entrer en
Espagne où nous nous arrêtâmes à Cambrils del
Mar. J’étais si heureuse que mes yeux n’étaient
pas assez grands pour tout voir.
Le troisième jour, nous poursuivions notre
route jusqu’à Alicante, Murcia et Velez Rubio... Ce jour-là,
j’ai compris pourquoi mes parents ont quitté leur pays, tant
certains paysages étaient pauvres. Même les oliviers peinaient
à y résister. En arrivant aux alentours de Murcia, on s’aperçut
que la terre était plus riche, les citronniers et les oliviers plus
verts. Enfin, vers midi, nous arrivâmes à Velez Rubio où
nous avions élu domicile. Nous y sommes restés quatre
jours... Mais, que de peine pour trouver la rue et la maison. Tous les gens
étaient très gentils mais ils ne pouvaient pas nous
renseigner. Nous sommes allés à la Mairie, et là nous
fûmes orientés et même guidés jusqu’à
la rue en question. Nous déposâmes nos bagages et nous décidâmes
d’aller déjeuner. Quelle ne fut notre surprise... Le temps était
devenu noir d’un seul coup avec des éclairs, du tonnerre... un
orage ! Vous auriez vu, tous les gens du restaurant étaient sortis
de table pour regarder aux fenêtres la pluie et la grêle.
Quelle surprise lorsque nous comprîmes que cette pluie était
attendue depuis deux ans ! Le lendemain, nous partîmes pour Cherivel
où j’ai encore quatre cousins.
En arrivant à Cherivel, nous nous dirigeâmes
directement vers la Mairie car nous n’avions pas l’adresse des
cousins mais seulement leur nom. Heureusement qu’une dame parlait un
peu le français. Elle nous expliqua que la tâche serait aisée
puisque le village n’a plus que deux cent cinquante habitants. Chemin
faisant nous vîmes au loin un monsieur sur son tracteur qui se
dirigeait vers nous. Je dis à mes petits-enfants : “Et si c’était un cousin !Effectivement, c’était bien un
cousin !
Quand nous arrivâmes sur la place El Contador,
nous demandions avec émotion l’adresse de mes cousins. Quelle
fut ma joie de pouvoir enfin faire connaissance avec eux... Les rires et
les pleurs se succédaient tant nous étions heureux. Nous
sommes tous restés dîner. Le lendemain, nous sommes allés
déjeuner chez l’un, goûter chez l’autre et dîner
chez le dernier où ma surprise fut grande lorsque ma cousine m’emmena
jusqu’à la maison de ma grand-mère que j’avais
quittée soixante-quatorze ans avant... Cette demeure était
restée telle que dans mes souvenirs d’enfant.
Tout en parlant le soir au dîner, ma cousine
nous apprenait l’existence d’un autre cousin du côté
de mon père. Nous lui téléphonions pour prendre
rendez-vous avec lui pour le lendemain... Il habitait à cent kilomètres
d’ici. Malgré la distance à parcourir, notre joie était
si grande car je ne connaissais personne du côté de mon père.
Nous avons dîné avec lui puis nous sommes repartis à
notre domicile parce qu’il fallait déjà penser au
retour pour la France. Nous sommes passés par Grenade où nous
pûmes visiter l’Alhambra puis Jaïn, Toledo, Madrid,
Saragossa, l’Abbaye de Poblet, Taragone, Barcelona, le Perthuis, et
enfin Nîmes. Bien fatigués, nous y restâmes deux jours
pour un repos bien mérité. Nous sommes aussi passés
chez d’autres cousins à Avignon où nous prîmes le
soir même la direction de Lyon où vivent mes autres
petits-enfants et ma première arrière-petite-fille, Claire âgée
de dix mois.
Le lendemain soir, nous prîmes la route de
Salbris où s’acheva notre parcours de cinq mille kilomètres
(3 000 km en Espagne et 2 000 km en France).
Je dois cette aventure à mes deux
petits-enfants qui ont consacré leurs vacances à me faire
plaisir... Ma petite fille s'appelle Geneviève Boucher et elle
travaille comme ergothérapeute aux “Grands-Chênes”.
Catherine DOUARD (76 ans)