LE MEUNIER
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Mon mari vit le jour au moulin de Pringuet à
1,5 km de Tendu sur la Bouzanne. Son père était déjà
meunier et avait pris en location le moulin sur les conseils de son cousin
qui était au moulin de Forges à Velles. En 1934, il prit la
suite de son père ; à cette époque nous avions nos
deux fils, nous étions mariés depuis 1931. Les moulins étaient
échelonnés, à part sur la Creuse et Argenton où
ils étaient plus importants. Pour les autres, une seule personne
suffisait à y travailler. Mon mari faisait seul la farine et la
livrait aux boulangers. Les gens de la ferme amenaient le blé et
puis on retenait selon s’ils voulaient “Les issues”, c’est-à-dire
le son. S’ils ne le prenaient pas, il servait à payer le
meunier de son travail. Puis il donnait la farine, s’il y avait 100
kg de blé, il donnait 75 kg de farine, et gardait les issues. En
1936, à la suite de la création de l’office du blé,
il n’a alors plus le droit d’acheter le blé aux
cultivateurs. Il faut s’adresser aux coopératives pour se le
procurer. Par contre, la vente de la farine reste libre, mais il est tenu
de remplir le livre des acquits. En 1939, mon mari part à la guerre
parmi les premiers, j’assure le travail jusqu’en 1943, aidée
par mon beau-père et un oncle. Fait prisonnier, il ne revient qu’en
1945. Il fait redémarrer le moulin après des réparations
indispensables car les bluteries avaient été endommagées.
Il existe des contingents, c’est-à-dire que chaque moulin a un
certain nombre de quintaux de blé à ne pas dépasser.
Les coopératives vendent le blé aux meuniers qui le
vendent aux boulangers en farine. Le prix de la farine est fixé par
les contributions indirectes. Mon mari a travaillé ainsi jusqu’en
1970.
Antoinette LAURIER (89 ans)