LE PAIN
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Jas mal de choses ont été dites sur le
pain. Le meunier nous donnait la farine en échange du blé
qu’on lui amenait et il gardait le son pour se rémunérer.
Si on voulait le garder pour les bêtes, il fallait le payer en plus.
Chez nous quand on démêlait la farine, on en versait un peu
dans la huche pour faire du levain. Avec l’ancien levain, on mettait
la pâte dans une petite tourte. On faisait cela le soir, et le
lendemain matin, on refaisait le pain. On battait à nouveau la pâte
de façon à faire environ six tourtes, et puis on la laissait
lever deux ou trois heures. On la mettait même dans le lit sous l’édredon,
s’il le fallait, pour la faire lever plus vite. Forcément, il
fallait que le four soit chaud à point, et on enfournait la pâte
avec la grande pelle spéciale en bois. Naturellement, il fallait
bien nettoyer le four, enlever les cendres. Après une heure trente
de cuisson, on enlevait le pain et on le pendait au plafond dans un cadre où
on mettait les tourtes. Il fallait faire des fagots pour chauffer le four
toute l’année. A la fin, on achetait le pain au boulanger
l’été, le four ne chauffait plus que l’hiver
jusqu’en 1937 quand nous ne faisions plus notre pain. Au début,
quand on prenait le pain au boulanger, on le payait en blé.
Fernand MONGEREAU (74 ans)