LE TRAVAIL DU TULLE
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Autrefois, je travaillais beaucoup de mes mains. Je
faisais de la broderie sur tulle. Cela me plaisait énormément.
Maintenant quand je regarde mes doigts, un peu déformés, je
me dis “Ils ont beaucoup travaillé”. J’ai commencé à l’école
de dentelle à Aix-sur-Vienne, j’avais quatorze ans, et petit à
petit je faisais des robes, des coiffes, des napperons. Il fallait être
minutieuse et patiente. En 1923, j’ai obtenu le premier prix de
dentelle sur tulle, toute la municipalité d’Aix-sur-Vienne est
venue me féliciter. Un peu plus tard, je travaillais pour une maison
à Limoges, elle me donnait des modèles, du tulle, des
aiguilles et quand j’avais terminé, j’allais les porter,
je prenais le tramway.
Nous étions cinq enfants et mes parents ne
voulaient pas que j’en fasse mon métier. Maman préférait
que je fasse de la couture. J’ai dû arrêter au moment de
la guerre. La vie était difficile, mes parents étaient
malades, je devais m’occuper d’eux.
Renée DURAND (88 ans)