LA LESSIVE
DES ANNéES TRENTE
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Aujourd’hui faire la lessive est une rigolade.
On met le linge dans la machine, on appuie sur un bouton et la machine lave
le linge. Dans ma jeunesse, faire la lessive ne ressemblait en rien à
cela... Pas de machine ! C’était à la force des bras
que le linge était lavé. Je vous parle des années
1932-1933, ce qui fait une soixantaine d’années... C’est
loin ! Dans un grand baquet en bois, on mettait le linge à tremper
toute la nuit. I1 fallait beaucoup de seaux d’eau pour le remplir. N’ayant
pas l’eau à la maison, il fallait aller la chercher à
la pompe qui se trouvait dans la rue et assez loin de chez nous. Le baquet
plein, on attendait le lendemain pour continuer la lessive. Le lendemain,
on sortait le linge du récipient pour le mettre dans la lessiveuse
avec beaucoup de seaux d’eau. Lorsque la lessiveuse était au
point, on la mettait sur le fourneau pour la faire bouillir, et arroser le
linge... Après une bonne heure le linge était lavé...
Il était bien blanc !
On retirait le linge de la lessiveuse pour le mettre
sur la brouette et on allait le rincer à la rivière. Au bord
de l’eau, on installait le “Bachot” qui était une petite boite en bois avec trois
côtés et où le quatrième servait à
installer nos genoux sur un peu de paille pour adoucir la dureté du
bois. On mettait la “selle”, une moitié dans l’eau et l’autre
adaptée au Bachot. Cette “selle” était une grande planche en bois où l’on
installait le linge pour finir de le laver. On lui donnait un coup de
brosse et on le tapait avec le battoir pour l’essorer. C’était
un outil en bois de forme ovale avec un manche. Il ne nous restait plus qu’à
étendre le linge et à attendre qu’il sèche. On
profitait de ce moment pour ranger tous nos outils. Lorsqu’il était
sec, on le rentrait à la maison pour le repasser et le ranger...
Quel soupir de soulagement ! C’était un travail très
dur et très long.
Nous étions cinq à la maison ; inutile
de vous dire le tas de linge qu’il fallait laver !!!
Simone LEVY-LORY (82 ans)