LE TOCSIN SONNE LE GLAS par Marie-Hélène TEINTURIER (94 ans)

J'avais 12 ans le 1er août 1914 quand la guerre éclata. J’habitais à ce moment-là à Ardentes (Indre) dans un domaine. Je vis partir à la guerre, leur baluchon sur le dos, mes trois frères et un beau-frère. Ils ont été faits prisonniers pendant deux ans en Allemagne. Ils sont revenus en bonne santé. Aujourd’hui je n’ai plus qu’un frère qui vit toujours ; il a été décoré de la légion d’honneur, le 11 novembre 1995. Ils sont revenus tous les quatre de cette guerre, par contre nous avions un voisin qui avait un fils qui y est resté. Quand ils étaient prisonniers en Allemagne, ils travaillaient dans les mines. Ils disaient qu’ils étaient malheureux, qu’il fallait travailler durement. On leur envoyait régulièrement des colis qui étaient ouverts à l’arrivée, mais on leur laissait le contenu. Dans celui-ci se trouvaient souvent deux gros pains dont un de seigle, cuit spécialement dans le four de notre maison.

Pendant cette guerre, mon père a beaucoup travaillé au domaine, nous les femmes nous devions aller aux champs. Les familles nombreuses n’étaient pas soutenues. On travaillait pour son pain. Mon père est décédé à l’âge de 61 ans, après le retour de ses enfants.