AH ! LA VIE
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Décembre 1914 : Mon père est parti à
la guerre tout d’abord, sur les voies de chemins de fer pour garder,
et ensuite il s’en est allé au front. J’avais dix ans,
cette période m’a beaucoup marquée. J’ai connu la
misère, je ne pouvais pas aller à l'école régulièrement,
car je devais aider ma mère et surtout garder mon frère âgé
de dix mois. Nous avions des moutons, deux ou trois vaches, des cochons, le
travail ne manquait pas. Mon père n’a pas été
blessé pendant cette guerre, mais une fois, nous sommes restés
un mois sans nouvelles. Nous étions très inquiets, car on le
croyait mort. Puis, il est revenu pratiquement à la fin de la
guerre. II était cultivateur, il avait une vigne, un champ et
travaillait chez les au-tres en étant très peu rémunéré.
J’ai été six mois domestique chez des bourgeois à
Châteauroux où je faisais la cuisine, les confitures, le ménage,
et surtout je recevais les clients de mon employeur, qui était
assureur. C’était un travail ingrat. Je me suis mariée à
vingt-quatre ans. Mon mari était cantonnier à Luant. Je
faisais des ménages et les vendanges. J’ai toujours travaillé
durement toute ma vie.
Madeleine ROBERT (92 ans)