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UNE VIE BIEN MOUVEMENTÉE
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Je me rappelle bien quand la guerre a éclaté en 1914. Mes parents étaient sacristains, alors il a fallu aller sonner le glas. Mon père était au champ avec mon oncle. C’était le moment de la moisson. Ils ont été mobilisés tous les deux. Mon oncle est mort en 1916, mon père a été blessé plus tard par un éclat d’obus. II avait des éclats partout dans le corps. Sa jambe droite est restée raide. Après la guerre, mes parents sont devenus domestiques, et ce sont mes grands-parents qui m’ont élevé. Puis mes parents sont revenus et c’est à ce moment que moi-même, je suis devenu domestique, pour ne pas rester à leur charge. J’avais treize ans. Je suis allé à 1’école d’Ambrault, entre Issoudun et la Châtre, jusqu’à onze ans. Pendant un an et demi, j’ai donc travaillé comme domestique, puis mon père a souhaité que j’apprenne un métier, celui de charron, j’avais quinze ans. J’ai appris à faire des roues de charrettes à Ambrault. M. Brochet et ensuite M. Pinaud étaient mes patrons. J’ai d’abord appris à travailler à la main et ensuite à la machine. Charron pendant douze ans, et ensuite je suis devenu menuisier. En 1938, je suis rentré comme ajusteur dans l’aviation à Déols. Je gagnais beaucoup plus en travaillant moins ! Je faisais quarante heures par semaine. Mon travail consistait à ajuster les pièces pour les avions. On montait les ailes, on mettait la tuyauterie, c’était un travail d’équipe où chacun avait son rôle. En 1942, ma femme tombe malade, je quitte l’aviation pour rester auprès d’elle. Pendant neuf ans, elle a été en traitement. Je suis revenu à l’aviation, puis retour à la menuiserie où je faisais des bonbonnières.
En 1953, je rejoins les Américains à Déols à la Martinerie où je fus employé comme menuisier. On réparait tout. J’étais dans un service de dépannage, on nous appelait par radio. Notre chef américain était formidable, il s’appelait Martin. De très bon service et c’était réciproque avec ses collègues. II me récompensait en me donnant une cartouche de cigarettes. Puis à la retraite, j’ai souvent été sollicité par des gens de connaissance pour effectuer des petits travaux de menuiserie.


André MOREAU (88 ans)


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