RÉSISTANCE
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En 1945, les Allemands étaient à la
recherche d’un groupe d’hommes, des maquisards, qui se cachait
dans un vieux moulin près de chez moi à Monperet, commune de Roussines (Indre) à
côté de Saint-Benoît-du-Sault. Ils sont arrivés
vers 16 h avec deux camions pleins de soldats, l’un pour s’occuper
du maquis, et l’autre en renfort au cas où le village
opposerait de la résistance. Il ont d’abord attrapé un
résistant qui s’était endormi à son poste de
garde. Ils l’ont conduit devant chez moi, et ils ont commencé à
le torturer pour qu’il indique la cachette de ses compagnons... Mais
rien à faire, il est mort dans des souffrances atroces sans avoir
renseigné ses tortionnaires.
Pendant ce temps, je moissonnais du blé avec
mes domestiques... Lorsque les Allemands nous aperçurent, ils
nous tirèrent dessus... Je me suis couché et j’entendais
les balles siffler à mes oreilles. J’ai rampé pour
abriter mon garçon, il avait cinq ans à l’époque.
Ma femme avait réussi à sortir de la maison et était
venue me rejoindre en se cachant dans les blés. Les soldats
profitaient de l’occasion pour piller notre maison. Ils volaient le
vin, le pain, le jambon, la volaille et mes vêtements. Ensuite, ils
sont remontés dans les camions en emportant le corps sans vie du
pauvre résistant torturé. Ils ont visité le moulin
sans rien trouver, si bien qu’ils décidèrent de partir
bredouilles en laissant en ce lieu le cadavre de ce pauvre malheureux.
Le lendemain, je suis allé au moulin avec le
commandant du maquis, un Anglais nommé “Laitière”. Nous avons
retrouvé le corps du supplicié sous la roue en pierre du
moulin. J’aurai toujours à l’esprit l’image de son
visage défiguré. Deux autres maquisards sont sortis de la forêt
où ils se cachaient pour se rendre chez moi où ma femme leur
donna à manger.
Nous n’avons jamais revu les Allemands, et la
guerre s’acheva.
Désiré MAILLOCHON (87 ans)