UN PAN D’UNE AUTRE ÉCOLE
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Par un beau soir très doux d’automne vers
21 heures, nous étions six amis qui décidâmes d’aller
écouter bramer les cerfs. Arrivés au coeur de la forêt
proche de notre petit bourg, nous arrêtons les voitures et prêtons
religieusement l’oreille...
Le calme n’est troublé que par mille
petits bruits de la forêt. Mais pas de brame. Après un certain
temps passé soit en bavardant tout bas (les dames) soit en fumant
une cigarette (grosse imprudence des messieurs, car le gibier a du flair et
se méfie !), nous sommes un peu las d’attendre qu’un hôte
majestueux de ces bois se manifeste. Soudain, une idée “géniale” nous
traverse l’esprit. Nous nous tournons vers notre ami Jean, de tempérament
assez farceur et comique : “Bramez donc
un peu, nous saurons s’il y a un cerf dans les environs !” Sans se faire prier, il retire sa cigarette, se racle
la gorge afin de s’éclaircir la voix, aspire à plein
poumons l’air pur (il en a besoin au maximum) et lance à tous
les échos son cri de brame. Les conséquences ne se font pas
attendre : à cent mètres sur notre gauche, un cerf lui répond
aussitôt. Jugez de notre hilarité ! Et sans relâche, à
intervalles irréguliers, juste le temps à notre ami de récupérer
son souffle, les cris se font écho et ceci pendant quinze à
vingt minutes !
Naturellement, notre ami capitule avant le cerf qui,
lui était toujours là, prêt à lui répondre.
Il fallut bien rentrer, et nous remontâmes en voiture. Mais que
voyons-nous dans les phares en démarrant ? Une superbe biche au
pelage roux, prête à traverser la route sur notre droite !
Ayant pris peur, elle fit demi-tour et rentra précipitamment dans le
bois. Alors là, joie générale ! Jean fut blagué
pour ses talents, et naturellement sacré “Grand Brameur” sur le champ. Car
n’en doutons pas, la biche était attirée par son
bramement.
Cette authentique histoire laissera peut-être
certains sceptiques, mais qu’ils essaient, et ils verront le résultat
obtenu, s’ils possèdent bien entendu ce don, mais ils auront
intérêt à se faire la voix... En attendant la saison
prochaine, qui peut, et qui dit mieux ? La compétition est ouverte :
Chas-seurs, à vos brames...
Colette BIDAULT (75 ans)