LES CONGÉS PAYÉS par Marguerite PALMINO (79 ans)

Année 1936, tous les travailleurs se rappelleront cette date qui nous permit de disposer pendant quinze jours de congés annuels. Ce fut une révolution de partir tranquillement pendant deux semaines tout en touchant notre salaire. Qui en vélo, en tandem, en trèfle, pouvait admirer les coins les plus reculés de France, mais ce furent surtout les plages qui fournirent le gros du bataillon. On s’affairait dans les magasins pour choisir les plus beaux maillots de bain, les plus beaux pull-overs, et le commerce marchait bien. Ce fut bien après que les billets de congés payés de la SNCF furent innovés, ce qui permit à nombre d’entre nous de se payer l’hôtel, le restaurant, ou quelques gâteries. Les premiers congés payés pour tous les salariés ont pris un caractère légal à la suite de la victoire du Front Populaire et des accords de Matignon. Dès le 8 juin, le parlement votait une mesure qui accordait aux travailleurs 15 jours de congés payés obligatoires par an. La durée des congés annuels portés à 3 semaines par le gouvernement Guy Mollet en février 1956, et sous la Vème République à 24 jours ouvrables en 1969. Cependant la plupart des entreprises accordaient déjà 4 semaines à leurs employés, et certaines conventions comme celles de la Presse, de la Sécurité Sociale, et des Banques, permettaient d’atteindre 5 semaines. En 1972, on comptait 46 % de salariés partant en vacances, contre 50 % en Grande-Bretagne, et 27 % en Italie. Cela aura permis aux Français de visiter leur beau pays, tout en se procurant la joie de nouveaux paysages, mais l’engouement reste certain pour la mer.