LA BONNE DAME
DE NOHANT
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Femme de grande valeur, très intelligente,
faisant de beaux romans, c’était George Sand. Elle avait quitté
Paris où elle était née en 1804, pour venir habiter au
château de Nohant. Elle écrivait ses romans dans une petite
maison de son parc. Elle avait les idées très avancées
de notre époque, elle portait le pantalon, fumait le cigare,
voyageait beaucoup. Elle était très aimée par certains
de ses amants. C’était une femme au grand coeur. Quand les
mendiants, les clochards allaient sonner à sa porte, elle les
recevait très bien, les faisait entrer dans le château, leur
donnait à manger, les habillait, et quelquefois, les gardait à
coucher, ce qui faisait causer les gens. Je veux bien croire que George
Sand était au-dessus de ces critiques-là ! Même pour
les gens de Nohant, elle était bonne. Elle était appelée
“La bonne dame de Nohant”, tellement elle avait bon coeur. Ma grand-mère
me racontait tout cela ; c’était sa mère qui avait
connu George Sand.
Dans les années 1939-1949, vivait la petite-fille de
George Sand, Madame Lothe. Elle vivait au château de Nohant avec son
amant, un artiste peintre, un Espagnol de l’armée en déroute.
Ses tableaux n’étaient pas tellement connus. Franco déambulait
dans les rues avec sa canne, son chapeau à grand bord, son gros
ventre, avec un air très prétentieux. Ils ont certainement
tous les deux bien vécu : la fortune de George Sand avait été
dilapidée en un rien de temps. Et nous n’avons plus revu
Franco, parti ou mort... Cette dame Lothe n’était pas
tellement jolie, elle avait de gros traits, les cheveux roux, elle ne
ressemblait pas du tout à sa grand-mère et n’avait
aucun talent. Elle était habillée d’une façon très
originale, pas très jolie. Elle avait des robes longues, larges, n’ayant
pas de forme. Les jupes étaient pareilles très larges et
longues avec un corsage tout “déglingué”, une grande écharpe sur les épaules, et
elle mettait une capeline comme chapeau, et sur celui-ci une voilette un
peu épaisse et de n’importe quelle couleur, on ne distinguait
pas son visage. Son excentricité n’était pas jolie.
Elle avait gardé sa voiture, et le chauffeur qu’elle ne payait
pas, nous a-t-il dit. I1 se vantait d’être l’amant de sa
patronne. Elle faisait la navette entre Nohant et La Châtre (mon
pays), où sa grand-mère avait une petite maison style
1890-1900. Elle est toute simple et pas grande, elle existe toujours, rue
Dolmon. Dans l’ancienne prison de La Châtre, maintenant c’est
un musée consacré à George Sand, très intéressant
à visiter. Pour arriver à vivre modestement, elle avait
appris à dire la bonne aventure, elle ne se défendait pas
trop mal. Elle m’avait prédit des choses assez importantes qui
se sont réalisées. Dans les années 1895-1940, elle
avait quitté le château pour vivre à La Châtre.
Entretenir un château coûtait trop cher pour sa petite bourse.
Elle ne sortait plus ou presque plus en voiture. Elle rendait visite à
des voisins qu’elle traitait de cousins, elle venait toujours à
l’heure des repas et par politesse, elle était invitée à
manger. Quand elle était à pied, elle n’avait plus de
voilette sur son chapeau, on voyait très bien son visage qui était
très fier. Elle est décédée dans les années
1948-1950, elle avait dans les 90 ans. Elle est morte à Gargilesse où
elle allait souvent dans une petite maison de sa grand-mère.
Simone LéVY-LORY (82 ans)