Soignant de l’impossible par Patrice LE BAIL

Depuis l’année 1991, nous avons eu l’espoir de changer les choses, de modifier les mentalités. Nous avions la fougue de la jeunesse où l’idéologie l’emportait sur les faits établis. Rien ne pouvait émousser notre idéal, nous avions la foi en l’Homme... Nous étions sur le chemin de la vérité ! Je me souviens de ce choc terrible ressenti lorsque je pris contact pour la première fois avec la personne âgée institutionnalisée. Quelle misère tous ces êtres aglutinés dans cet espace clos attendant le dernier repos. Pouvions-nous faire quelque chose ? Seul, probablement pas, ce fut alors l’heure des rencontres avec Patricia Chaumont et Dominique Gautron... On avait un idéal commun : le respect de la personne âgée. Ainsi débuta l’Aventure de “La Voix des Grands-Chênes”, de nos convictions allait naître une autre approche de la vieillesse.

Les groupes de paroles, nous menèrent à la publication du périodique La Voix des Grands-Chênes, qui avait pour vocation la reconnaissance de la personne âgée à travers l’écriture. Ensuite vint la vidéo, pour une revalorisation narcissique de soi, et toucher les personnes qui ne pouvaient pas utiliser le support écrit existant. L’expérience s’avéra concluante, de nombreux organismes nous récompensèrent pour ces actions en nous octroyant des prix divers. Nous étions reconnus dans l’hexagone ! Au début, nous avions monté cette entreprise en accord avec la direction de l’établissement public dans lequel nous étions employés.

Mais voilà, ce succès grandissant allait nous éloigner des gratifications directoriales. Peut-être pour le simple fait que nous démontrions sur le terrain les limites d’une certaine administration française qui avait tendance à oublier l’être humain sans lequel elle ne serait rien. Nous n’étions pas dupes des tracasseries sournoises dont nous faisions l’objet. Les choses n’étaient pas dites clairement, le dénigrement avait la préférence. Nous nous sommes battus jusqu’au bout, à l’image des soldats de la République que nous contaient les maîtres d’école de notre enfance. Nous avions cru en ses valeurs “Liberté - Égalité - Fraternité” ; la liberté de s’exprimer lorsque des choses insupportables nous font bondir ; l’égalité pour tous quel que soit l’âge ; la fraternité dans l’obligation morale que nous avons à secourir notre prochain dans la détresse. C’est avec fierté que nous avons appliqué ces fondements au jour le jour sur notre lieu de travail... Mais alors, pourquoi en sommes-nous arrivés à cette rupture ? Je suis persuadé que le politique ne joue pas pleinement son rôle en déléguant une autorité qui lui fut confié par ses électeurs. L’engagement du politique, élu pour représenter les intérêts de chaque citoyen, devrait être plus actif au sein de tels établissements... Ainsi, nous changerons les choses pour accéder à un monde meilleur où l’Homme sera l’épicentre.