Connivences
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Dette année, la classe de CM2 de l’école
Victor Hugo de Châteauroux a participé au prix Chronos initié par la
Fondation Nationale de Gérontologie. Ce concours invite les enfants à
lire six romans mettant en avant les relations intergénérations.
Cette année de passage à l’an
2000, la Voix des Grands-Chênes trépasse. Quel dommage ! Depuis 1992, j’avais
pris l’habitude de côtoyer son équipe et combien d’émotions,
de moments importants cela me rappelle ! Au début, en tant qu’enseignant,
je voyais l’occasion de pratiquer de l’histoire vivante avec
des personnes âgées ayant vécu des événements
que les enfants ont coutume de découvrir dans des manuels, des
films, ...
Dès la première rencontre, ce projet est
devenu bien plus : source d’efforts, d’attention, d’écoute
chez les plus jeunes ; à nouveau impression d’utilité,
acceptation tel que l’on est chez les anciens.
Je revois la première arrivée des
pensionnaires des Grands Chênes ce 4 décembre 1992, de nombreux fauteuils
roulants. Quelle allait être la réaction d’enfants de
dix ans ? Magnifique ! Là où nombre d’adultes
voient vieillesse, handicaps, eux découvraient avec émotion
des personnes uniques : leurs correspondants. Sourires, connivences, mains
qui ne se quittent pas, propos puis correspondance pleine de richesse
confirmaient l’importance de cette nouvelle relation.
Des projets communs naissaient ; une classe
trans-plantée dans le Vercors entraînait les personnes âgées
à revivre cette période douloureuse de leur existence ; pour
les enfants certains ont livré des souvenirs enfouis, accepté
de reparler d’événements pénibles.
Les personnes âgées sont venues à
l’école renconter, témoigner, assister à la
kermesse ; les élèves se sont rendus aux Grands-Chênes à pied,
en vélo, en bus, en voiture, durant la classe, les vacances, un
week-end, un mercredi. Des familles ont invité des correspondants
chez elles.
À un moment, une classe transplantée
CM2-personnes âgées a été envisagée.
Tous ces échanges n’ont pu se réaliser
que grâce à la formidable énergie déployée
par un petit nombre de travailleurs des Grands
Chênes dont surtout Patricia Chaumont
et Patrice Le Bail, tous deux à l’origine de ce projet. En
juin 1996, nous décidions d’un accord commun d’une
pause. Celle-ci se révèle malheureusement être une fin
aujourd’hui.
L’échange avec les personnes âgées
se fera désormais avec la maison de retraite “La Charmée”.
Au nom de tous mes anciens élèves dont
certains ont pleuré votre disparition, merci à vous Aline
Caumet, Marcelle Gambade, Marguerite Palmino, Marie-Thérèse Sauvaget,
Roger Champigny, Ernest Charonnat, Fernand Cogne, Jean Faure, André
Guilpain, Fernand Mongereau, Robert Quentin,.... pour cette richesse que
vous avez apportée à des enfants d’une dizaine d’années.
Michel Martin
Instituteur